Rentrée littéraire du Mali 2026
10-14 février 2026
Thème: L’Afrique dans le monde de demain Est-il concevable que les idées anticoloniales et anti-impérialistes soient encore à défendre en ce XXIème siècle ? Que des valeurs telles que le respect de l’autre et la dignité humaine ne soient toujours pas évidentes en soi ? Et que la préservation de l’environnement, de notre maison commune, ne soit pas au coeur des actions de nos sociétés ? Là est la difficulté : parler du monde de demain alors que celui d’aujourd’hui n’en finit pas de reproduire, voire d’amplifier, les erreurs et tragédies d’hier. Et pourtant, c’est bien ici, et dans le présent, que se joue notre humanité. Une humanité mise à rude épreuve, chaque jour davantage. Résister devient un acte vital. Résister à la désespérance, au silence impuissant, à la tentation du repli. Résister, comme une affirmation d’existence, un refus lucide d’abandonner l’avenir à la fatalité. Résister exige du courage et une clarté morale. Trop souvent, l’Afrique est isolée dans ce combat global. Assignée à la place stérile de « continent malade », enfermée dans des récits de misère et de dépendance. Mais est-elle seule à souffrir ? Non. Partout dans le monde, des femmes et des hommes, debout, luttent pour ne pas perdre leur humanité, pour reconstruire du sens, pour préserver des liens. Et l’Afrique n’est pas en reste, dans ce cheminement entamé qui lui permettra de reprendre pleinement sa place : non pas celle qu’on lui assigne, mais celle qu’elle a toujours portée en elle, celle qu’elle se décide, qu’elle se rêve, qu’elle s’invente, celle de notre avenir commun. Car l’Afrique, carrefour de peuples, terre de migrations et de métissages, a toujours été un espace de circulation, d’innovation, de réinvention. À l’image des anciennes routes du sel ou de la soie, des caravanes du savoir et du livre, il nous faut aujourd’hui réinventer les chemins. Déplacer les centres, réévaluer les critères de grandeur et de réussite. Revaloriser le rêve, l’engagement, le partage, l’écoute, la mémoire et l’imagination comme forces de transformation. Le monde de demain ne peut se construire sans mémoire ni conscience. Il doit s’édifier sur les leçons du passé, sur les récits du quotidien, sur la reconnaissance de toutes les voix, y compris celles qui ont été longtemps tues, ignorées, méprisées. Il nous faut écouter, entendre, comprendre. Reprendre les fils de ces narrations enfouies et en faire la trame d’un récit commun. Face aux discours guerriers et aux idéologies de domination, opposons des projets. Non pas des projets de conquête, mais des projets d’existence, d’échange, d’émancipation, de paix. Des projets forts, conscients, solidaires.
Face aux « caprices » des puissants et de leurs cors, face à une minorité qui n’a de cesse que d’écraser la grande majorité des humains – pour des considérations bassement matérielles ou prétendument civilisationnelles – opposons une solidarité transfrontalière humaine. Une solidarité réelle, profonde, débarrassée des faux-semblants et des promesses vides. Un monde d’échanges et de coopérations équitables est possible. Un monde en constante reconstruction, certes, mais jamais amnésique. Un monde qui assume son humanité plurielle et fragile, et qui choisit, résolument, de faire de cette fragilité une force, une promesse, une voie.
Rentrée littéraire du Mali/Fonds des prix littéraires du Mali
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