Rentrée littéraire du Mali 2025
18-22 février 2025
Thème: L’Afrique des jeunes
Qu’est-ce qu’être jeune ?
Est-ce une question d’âge, d’état d’esprit, ou une façon d’être au monde ?
On dit que la jeunesse est impatiente, qu’elle doit attendre la maturité avant d’émettre une opinion, écouter avant de parler, grandir avant de remettre en question les habitudes.
On la dit blasée, bonne à rien, ou trop véhémente, irréfléchie, inconsciente.
Les bienveillants misent sur sa curiosité, sa spontanéité, son imagination, sa capacité d’émerveillement et d’enthousiasme.
Les démissionnaires parient sur son pouvoir oppositionnel, sa colère, son besoin de défis.
Les tenants du « c’était mieux avant » reprochent à la jeunesse ce qu’ils jugent être son indifférence à l’histoire, son manque d’action et lui demandent de réussir là où ils ont échoué, de réparer ce que les générations précédentes ont négligé.
Les insatiables cherchent à nourrir en eux l’étincelle de la jeunesse.
Mais qui sont-ils vraiment, ces héritiers du chaos, du monde en débâcle ?
Ceux qui résistent, qui désobéissent, qui luttent contre une gérontocratie encombrante, pour un monde possible.
Ceux qu’on manipule, et qu’on utilise comme force de manoeuvre contre la liberté.
Ceux qui lancent les alertes.
Ceux qui campent dans les universités pour dire leur refus des guerres et des génocides, du silence plaqué sur les injustices.
Ceux qui se réunissent et n’abandonnent pas, ceux qui répondent, qui endurent, qui réfléchissent, qui se découragent aussi… ils constituent une communauté en souffrance dont les rêves partagés refusent d’être pris en otage par un monde à court d’issues et qui les marginalise.
Il est temps de leur restituer les espaces de débat, de les intégrer dans les prises de décision. C’est avec eux que nous pourrons anticiper le monde qui vient après nous et pour eux que nous devons le faire. Ils nous écoutent, nous observent, à notre tour de les écouter, ces sages qui constituent 60% de l’humanité.
Les auteurs ont souvent emprunté aux enfants, confrontés aux coups du sort, à la mendicité, les mots qui dénoncent l’injustice du monde, ils ont fait appel aux élans des adolescents révoltés, démissionnaires de l’école, possédés par un désir de changement.
En se mettant dans leur sillage, les auteurs accompagnent dans leur quête ceux qui prennent le large sur des embarcations de fortune, ils apprennent des abîmes de ceux qu’on enrôle dans les armées ou les milices, ceux qui meurent dans l’indifférence ou le mépris. Ils racontent les histoires complexes de l’exil. Et en cherchant au plus profond de leur propre enfance, en travaillant à maintenir une capacité d’émerveillement, de questionnement, d’endurance de leur propre jeunesse, les écrivains et artistes dialoguent avec les jeunes, sans les charger.
A la Rentrée littéraire du Mali, chaque année, de nouvelles voix d’auteurs s’ajoutent aux anciennes. L’imagination, les utopies, les dystopies, et leurs descriptions du monde tel qu’il est étend le dialogue, le complexifie et lutte contre la marginalisation et l’effacement d’une jeunesse consciente.
Rentrée littéraire du Mali/Fonds des prix littéraires du Mali
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